Lueurs noires

GALERIE CÉCILE FAKHOURY, ABIDJAN, CÔTE D’IVOIRE, JUNE 25 – SEPTEMBER 3, 2016

Yo-Yo Gonthier et François-Xavier Gbré

« Dans son installation, Wo shi Feizhou / Je suis africain François-Xavier Gbré investigue sur les traces de ce que la cité cherche à dissimuler. L’œuvre soulève les questions de changements urbains. Le néon retranscrit en idéogramme chinois l’affirmation d’une identité complexe: Je suis africain. La lumière acérée se détache du fond bleu outremer, profond et iconique. En un éclair de revendication, les mots jouent sur la graphie en équilibre et leur sens imperceptible de prime abord. L’enseigne lumineuse rappelle le pendant commercial à vendre un consommable au moyen d’une accroche efficace. La phrase venue d’ailleurs fait écho au contexte de développement de projets immobilier prolifiques menés par des entrepreneurs chinois en Afrique. Les éléments qui construisent de manière assonante l’installation, émergent comme des balises. Il y a une table assez haute pour voir des maquettes qui ressemblent à des immeubles façonnant les lignes d’une ville. Il s’agit des mêmes lettres signifiant Je suis africain en forme de matrice à brique de ciment semblables à celles qui bâtissent hâtivement le nouvel habitat africain. Au mur, des photographies tirées sur la surface froide de l’aluminium laissent deviner un panneau-lexique de chantier avec des termes simples, spécifiques et probants du monde ouvrier, en chinois et en français. Les lumières artificielles et les interprétations libres du bâti que nous propose François-Xavier Gbré, font surgir l’idée du bouillonnement urbain et avec lui, l’effacement d’un monde ancien. Les formes de demain s’esquissent dans la pénombre. »

« In his installation, Wo shi Feizhou / Je suis africain (I am African) François-Xavier Gbré investigates what the city is concealing. The work raises the issue of urban change. A Chinese ideogram lit with neon adapts the assertion of a complex identity, I am African. The sharp light stands out from the profound and iconic ultramarine blue background. In a lightning claim, the words play around with the balanced script and their imperceptible meaning at first glance. The luminous sign recalls the commercial advertising used to sell consumables through an effective slogan. The foreign phrase resonates in context with the development of prolific property projects conducted by Chinese entrepreneurs in Africa. The mellow elements that construct the installation emerge as beacons. A fairly high table displays models resembling a cityscape. The same letters meaning I am African are in the form of a cement brick matrix similar to those used to rapidly build new African housing. On the wall, photographs printed on the cold surface of aluminium suggest a construction site sign/lexicon with simple, specific and persuasive working world terms, in Chinese and in French. The artificial lights and loose interpretations of assembly proposed by François-Xavier Gbré, conjure up the idea of urban ferment and with it, the eradication of an ancient world. The future of design is emerging in the twilight. »